Voici deux textes tirés de publications sur le baptême :
Faire baptiser un enfant c’est lui dire: « Tu peux compter sur nous ! »
Autrefois on baptisait tous les enfants à la sauvette un dimanche après-midi, au fond d’une église morne et vide. Ou en série, dans la chapelle d’une maternité. Parents croyants ou incroyants. Sans problème. Cela allait de soi. Un baptême, ça ne peut tout de même pas faire du tort. Et puis, on ne sait jamais. On s’en voudrait de ne pas lui avoir donné toutes ses chances, à cet enfant !
Ensuite, les temps ont changé. Un vent de vérité a soufflé sur le monde et sur l’Église. Certains prêtres sont même devenus très exigeants. Pas d’assurance d’éducation chrétienne ? Alors pas de baptême. Ou en tous cas, pas sans de sérieuses conditions.
Aujourd’hui, des parents exigent une cérémonie qui soit parlante et préparent avec un prêtre ou un groupe. un baptême dont les rites et le langage sont en prise directe avec leur vie et leur engagement.
D’autres choisissent de ne pas demander le baptême pour leur enfant. Ils sont croyants eux-mêmes mais ils manifestent par là qu’ils ne veulent pas peser sur la liberté de l’enfant et reportent la démarche à plus tard, quand aura sonné pour lui, l’heure des choix.
Nous respectons ta liberté
Avons-nous le droit d’engager un être inconscient et fragile dans une option aussi fondamentale ? Promettre de lui assurer une éducation chrétienne, n’est-ce pas, par une sorte d’abus de pouvoir, influencer son choix futur?
En fait, cet enfant, vous avez commencé par lui imposer de vivre, il aura votre nationalité, il parlera sa langue maternelle. Pendant longtemps, il jugera vrai et bon ce que vous-mêmes jugez vrai et bon, Il sera marqué par votre douceur ou vos colères, par votre entente conjugale ou vos disputes. Vous lui direz qu’il doit partager ses bonbons ou vous lui direz qu’il doit les garder pour lui tout seul. Vous lui direz qu’il ne doit pas jouer avec ces petits marocains ‘~, ou vous lui direz que tous les enfants ont la même dignité et la même valeur. Et cela s’imprimera en lui pour toujours. Un jour, il ratifiera par décision personnelle ce qu’il a reçu de vous, ou bien il construira un système de valeurs tout différent du vôtre.
Faire baptiser un enfant, c’est lui dire :
Nous ne voulons pas peser sur ta liberté.
Nous t’accueillons simplement dans le groupe, la communauté que nous formons.
Nous ne sommes pas meilleurs que d’autres, mais nous voulons te faire partager notre joie de nous savoir aimés de Dieu et de nous aimer les uns les autres.
Nous n’attendons pas de toi que tu sois adulte pour te croire capable d’accéder à cette joie, et nous voulons t’aider à y parvenir.
Un jour, quand sera venu pour toile moment de choisir, tu diras, par décision personnelle, si tu veux ou non de cette manière de voir, de penser, d’agir, d’aimer.
« Tu peux compter sur nous »
Faire baptiser un enfant, c’est lui donner des droits sur nous.
Nous, c’est-à-dire ses parents, sa famille, le groupe, la communauté, tous ceux qui, de près ou de loin, se réjouissent de sa naissance et l’entourent de leur présence, de leur affection, de leur prière.
Nous, l’image, en petit, de cette Église dans laquelle il est accueilli.
Cet enfant, mignon, fragile, n’est pas un pécheur.
Aucune malédiction ne pèse sur lui.
Mais il entre dans un monde où la haine pousse à côté de l’amour, un monde qui vit à contre-sens de Dieu, un monde de péché.
Il y est plongé avant toute faute personnelle.
Faire baptiser un enfant, c’est lui dire :
Tu peux compter sur nous.
Sur cette terre de granit, tu verras qu’il y a place pour l’amour.
Tu verras un jour combien nous t’aimons, combien Dieu t’aime ô travers nous.
Nous voudrions que dans notre affection, tu puisses découvrir quelque chose de la bonté de Dieu.
Nous voudrions que, dans notre lutte contre toute forme d’injustice, tu puisses découvrir quelque chose de la colère que provoque en Dieu toute situation injuste.
Nous voudrions qu’à travers notre vie, notre amour, notre engagement, tu puisses connaître, dans la foi, quelque chose de Dieu
Faire baptiser un enfant, c’est un rappel exigeant de nos propres engagements.
C’est assurer à cet enfant qu’il trouvera en nous autre chose qu’une vie égoïste, fausse, inutile.
C’est lui promettre qu’il trouvera en nous l’ébauche d’un monde autre, où l’amour l’emporte sur la haine, la vérité sur le mensonge, la liberté sur l’oppression, la justice sur l’injustice.., la vie sur la mort.
C’est lui promettre de découvrir en nous, un nouveau possible, une solidarité heureuse, universelle, dans l’amour et la justice.
Il faut qu’il puisse un jour nous regarder vivre et voir dans nos yeux que la vie vaut la peine d’être vécue.
La vraie question
Faut-il baptiser un enfant ?
Faut-il attendre qu’il ait 15 ans, 18 ans ?
Faut-il reporter le baptême à l’âge adulte ?
Que signifient les rites du baptême, l’eau, le cierge, le vêtement blanc ?
Les rites sont-ils signifiants ?
Le langage est-il parlant ?
Il est bon que toutes ces questions soient posées, même si elles bouleversent nos habitudes et nos sécurités. Il faut savoir ce que l’on fait et pourquoi on le fait. Depuis quelques années, l’Eglise s’est efforcée de sortir des sentiers battus. Ce n’est pas parfait, mais on avance.
Il reste que la question la plus importante, la plus urgente, la plus fondamentale est de savoir dans quelle Eglise on accueille l’enfant. Trouvera-t-il des groupes, des équipes, des communautés, des lieux d’Eglise:
- où chacun est accueilli, reconnu, aimé, dans un climat de chaleur humaine et d’esprit évangélique,
- où des hommes et des femmes prennent conscience du ‘~péché du monde et vivent en responsables de leurs frères et de l’avenir du monde,
- où malgré la dureté des temps, des hommes et des femmes trouvent la joie dans la certitude que se construit aujourd’hui le Royaume de Dieu, un monde autre où silencieusement, comme le blé qui pousse, la vie l’emporte sur la mort.
C’est là, la vraie question.
La solution, il ne faut pas seulement l’attendre d’ailleurs.
Elle est entre nos mains.
Et lorsque, fruit de leur amour, les conjoints mettent un enfant au monde et envisagent. son baptême, il ne leur vient absolument plus à l’idée que le nouveau-né est marqué d’une tare dont il devrait être délivré. Mais ils se sentent tout petits devant cette vie si fragile et si merveilleuse, porteuse d’un avenir fait d’inconnues et de possibilités infinies.
C’est en même temps la reconnaissance pour ce don et le mystère de cette vie commençante qu’ils veulent célébrer, ainsi que leur engagement dans cette œuvre de vie précieuse entre toutes. Ils se savent au cœur d’une transcendance. Le baptême, que la culture chrétienne leur offre, répond alors aux divers sentiments qui les animent: joie, responsabilité, foi en une présence autre, divine, dans ce petit être chargé de tant d’espérances.
Le baptême des enfants, qui fut jusqu’il y a peu le simple décalque de celui des adultes, se pense maintenant de manière toute différente. Dégagé de toute trace de renonciation au mal qui aurait déjà été commis ou d’engagement personnel de l’enfant alors que la vie consciente ne s’est pas encore éveillée en lui, cette célébration est marquée de significations cruciales pour les parents, les proches, la communauté.
Ceux qu’anime une foi chrétienne vivace situent très explicitement cette célébration de baptême dans la joie de la Bonne Nouvelle de Jésus. La venue de l’enfant est pour eux une nouvelle étape dans le déploiement de leur amour, marqué par les grands appels de l’Évangile. Les multiples textes bibliques sur le don, l’entraide, le service d’autrui acquièrent pour eux un sens nouveau et plus engagé.
Aussi est-il capital que les parents n’aient pas peur de créer très librement, dans une perspective de foi chrétienne, les modalités et diverses expressions qu’ils entendent donner à cette célébration baptismale, dans le cadre de rites souples et ouverts, qui les relient à la grande mémoire chrétienne. La diversité de ces expressions créatrices peut apporter à la communauté chrétienne une nouvelle et large floraison de vie de foi.